« Liberté | Hanovre – Riga » |
Evidemment, je me retrouve dans cette image, puisque j’en suis l’auteur. Après un séjour au bord de la mer, en plein été, me voici au cœur de l’automne pour une période de repos centrée sur ma place de travail. Si dans cette image, mon corps se confond avec la pierre, c’est parce qu’il vieillit et se délite au fur et à mesure que le temps s’écoule. Cependant, ma tête reste préservée, mes jambes aussi, et malgré quelques trébuchements à Berlin et à Nice, je suis en forme. C’est peut-être le flottement du corps qui est plus intéressant que l’énumération des bobos. Il reste à la fois ancré dans la pierre et la neige et flotte malgré cela au-dessus de l’eau. Comment est-ce possible ? Seule l’image le peut. A y voir de plus près, je m’aperçois aussi que ce torse de pierre est en train de fondre, de se défaire, de se liquéfier. Je pense alors à la Montagne Magique de Thomas Mann que je viens de relire où Hans Castorp se détache du monde « d’en bas » et où le temps prend une toute autre dimension. Le torse me fait penser aux poumons tuberculeux, le corps couché aux longues séances allongées au sanatorium. Bref, il ne s’agit pas de moi ici, mais d’une image aux multiples réminiscences. Ainsi , par ex. le flottement dans l’eau qui me ravit à chaque fois que je me baigne dans la mer. Je me couche sur le dos et contemple le ciel bleu en faisant le moins de mouvements possibles, me laissant flotter au gré des vaguelettes, oubliant la plage et les autres baigneurs. Ou bien, je me laisse écraser par une grosse vague qui me pousse vers le fond. Je ne résiste pas, je me laisse faire : le reflux me fera remonter à la surface. Un détail de cette image me fait sourire : la montre, objet dérisoire ici dans la suspension du temps, mais qui rappelle son inexorabilité.
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