« Lake of Silence | Upside down » |
Vernissage à l’usine K. Quelques personnes – bien plus jeunes que moi – connues, M. comme d’habitude, fébrile avant son introduction à l’expo. Après un rapide tour, je discute, pose des questions, émets quelques avis. Je discute de la superposition avec un jeune artiste. Il comprend et regarde mes photos. Puis, c’est le discours, je fais une blague, quelques rires, mais j’ai l’impression d’être un clown devant un public. Evocation du dégel, thème de l’expo, je fais des photos. M. évoque le stalinisme, moi je pense à l’Algérie, suis tenté de faire une remarque, me retiens et essaie de changer de place derrière le demi-cercle des gens. Heureux d’avoir contourné la foule, j’entends à ma gauche un horrible bruit retentissant : la grosse bouteille de Coca ratatinée en carton (ouf !) a été balayée de son socle par mon mouvement ! Je me baisse, je la ramasse, l’inspecte – rien !
Je la remets sur son socle, l’ajuste, car elle est hautement instable et décide qu’il est temps pour moi de quitter ce lieu, je risque de commettre d’autres forfaits. Et les œuvres me paraissent faibles, sans vie et sans idée et, surtout, sans esprit. Tel tableau figurant le dégel se borne à ne montrer que de pauvres restes de neige sur fond blanc, alors qu’une bassine posée en dessous aurait peut-être apporté un peu d’humour ; quelqu’un d’autre s’est borné(e) à peindre une grande fleur – éclosion de renouvellement après le règne de la glace dixit M. – mais je n’y vois que la fleur, pas le processus hélas. Et ainsi de suite. Lors d’un mouvement de foule vers la droite qui suivait M., je me suis éclipsé, après m’avoir platement excusé auprès de l’initiatrice et exposante qui m’a rassuré en me disant qu’heureusement l’artiste auteur de la maudite bouteille n’était pas présent. Je me suis retrouvé dehors dans la nuit et, en marchant, je me suis émerveillé de ce que je voyais, prenant une photo par ci, par là. Gravissant rapidement la côte de St. Jean sans m’essouffler, j’arrive bientôt chez moi.
La nuit, je repense à tout cela et me dis que l’art est bien exsangue ces jours et que ma propre place est dans la vie, comme dans cette rencontre avec un Marocain sur les bords du Rhône qui me hèle et me demande, avec des gestes désordonnés dus à l’alcool, de le photographier. Je m’exécute, lui montre le résultat, il me demande un deuxième portrait, se met en position et je peux faire une photo simple, mais expressive. La vraie vie en quelque sorte.
Formulaire en cours de chargement...
Vous devez être connecté pour voir les commentaires. Se connecter maintenant!